Introduction à la géographie du Japon

Introduction à la géographie du Japon

Carte détaillée des préfectures du Japon

Plusieurs personnes m’ont fait la demande de créer une rubrique sur la géographie du Japon. Ils ont attendu un certain temps, mais la rubrique est enfin née! Qu’allons nous voir ici? Après avoir fait un panorama global de la géographie du Japon, nous entrerons ensuite dans les détails pour chacune des îles en présentant pour chacune d’entre elles les lieux à ne pas manquer. Êtes vous prêts pour ce voyage virtuel vers le Japon? Alors c’est parti pour l’embarquement! 

NB: L’orthographe de certaines villes ou îles peut différer de l’orthographe française, ce n’est pas une erreur: j’ai volontairement conservé l’orthographe japonaise pour que vous puissiez faire le parallèle avec les Kanji. Merci de votre compréhension. 

Délimitation du territoire Japonais:

Le Japon est un pays d’une superficie de 377 944 km². Parmi toutes les îles de l’archipel nippon, nous pouvons dégager 4 grandes régions: 

_ Honshuu (本州): Signifiant « île principale », cette région dont la capitale est Tôkyô est la plus grande île du Japon, que ce soit en terme de superficie ou de population. C’est également sur cette île que culmine le mont Fuji, volcan actif s’élevant à une altitude de 3776 mètres. On y trouve également le lac Biwa, plus grand lac du Japon, ainsi que le fleuve Shinano, qui est le plus long fleuve du Japon.

De gauche à droite: Mont Fuji, Lac Biwa, tour de Tôkyô 

_ Hokkaidou (北海道): Signifiant littéralement « route vers la mer du nord », cette région dont la capitale est Sapporo est la deuxième plus grande île du Japon après Honshuu. C’est également la région la plus au nord, historiquement peuplée par les Ainu. Cette peuplade est l’un des trois peuples ayant contribué à la formation du peuple Japonais d’aujourd’hui. Les fouilles archéologiques ont montré que la population japonaise aurait pour descendants les Ainu autochtones, ainsi que les ancêtres des chinois et des coréens. Cet aspect complexe sera développé ultérieurement dans un article sur l’Histoire du Japon. Dans la ville de Sapporo a lieu chaque année en février le Sapporo snow festival où des sculptures de glaces sont créées pour le plus grand régal des yeux.

De gauche à droite: Lac Masshu, sculpture du Sapporo snow festival, Parc Takinoue 

_ Shikoku (四国): Signifiant littéralement « Quatre provinces », cette province était anciennement divisée en quatre provinces (Awa, Tosa, Sanuki et Iyo). Elles sont désormais des préfectures. Cette région se situe dans la mer intérieure du Japon et est célèbre pour le pèlerinage de Kôbo Daishi. Kôbo Daishi était le nom donné communément au moine Kûkai, fondateur du Bouddhisme Shingon. Ce pèlerinage consiste à faire le tour de l’île à pied en passant par 88 temples, ce qui représente environ 1170 km de marche à pied. Malgré cette grande distance, de nombreux japonais le réalisent chaque année. Nous développerons le Bouddhisme Shingon ultérieurement dans un article sur le Bouddhisme. 

De gauche à droite: pélerins devant le 62e temple du Kôbo Daishi, château Himeiji, plage Katsurahama

_ Kyuushuu (九州): Signifiant littéralement « Neuf états », cette région était autrefois constituée de 9 provinces. Cette région a de tout temps été influencée par l’extérieur. Au XVIe siècle, la région fut le théâtre de l’arrivée des missionnaires chrétiens et des commerçants portugais. Les doctrines chrétiennes n’étant pas en phase avec l’organisation politique du Japon et les religions déjà existantes, les missionnaires ont été peu à peu contraints de quitter le pays jusqu’à ce que le Christiannisme soit totalement interdit pendant l’ère Tokugawa. De nombreux mi-japonais mi-européens se mirent alors à fuir vers Jakarta, alors que les chrétiens ayant décidé de rester furent contraints d’abjurer pour éviter d’être torturés et exécutés.

La ville de Nagasaki fut pendant l’ère Edo et après la restauration Meiji une importante plateforme de commerce maritime avec l’extérieur. Le port de Nagasaki fut également une base maritime importante durant la seconde guerre mondiale en raison de sa position stratégique. 

De gauche à droite: Mont Aso, Oita, Temple Futago ji

Voilà ce que bon nombre de personnes voient lorsqu’ils pensent au Japon: ces 4 grandes régions. Mais le Japon ne se limite pas à ces territoires, il ne faut pas oublier:

_ L’archipel Nansei (南西諸島): Il est lui même composé de l’archipel Ryuukyuu et de l’archipel Satsunan. Ces archipels se situent entre Taïwan et le Japon. Jusqu’au XIXe siècle, le royaume de Ryuukyuu était un état indépendant et opportuniste reconnaissant à la fois les chinois et les japonais. En 1623, la force expéditionnaire de Kagoshima et le clan Shimazu eurent raison de ce royaume. De par son isolement et son histoire, les îles Ryuukyuu ne parlent pas un Japonais académique mais le Ryuukyuu. Enfin quand je dis Ryuukyuu… il y a 11 dialectes Ryuukyuu différents! Cependant, les gens s’accordent tout de même sur le langage d’Okinawa (Uchina Guchi) pour communiquer. Vous sentez venir l’irrépressible envie de Samurai Neko de vous montrer comment parler Okinawaïen? Non? Pourtant elle est bien là. 

Uchina guchi wakai miseemi? Uun, ufee wakai biin! 

(savez vous parler l’Okinawaïen? Oui, un petit peu!)

La grande question que je me pose maintenant est si ces gens utilisent le système d’écriture japonais ou pas… Je vais aller voir ça, mais patience! Comme le disent les gens d’Okinawa: Acha nu neen chi ami (demain est un autre jour).

Vous aurez donc compris que les gens de cette région sont un peu chauvins sur les bords. D’ailleurs, il existe des espèces animales et végétales que l’on ne trouve que dans cette région. 

De gauche à droite: Plage de Maehama, palais royal de Shikinaen, château Shurijo

_ L’archipel Nanpô (南方諸島): S’étendant de l’ouest de la baie de Tôkyô jusqu’aux îles Mariannes, cet archipel est constitué de l’archipel d’Izu et de l’archipel Ogasawara. Pendant l’ère Edo, les îles de Miyake et d’Hachijô (archipel d’Izu) étaient des lieux d’exil des criminels. Notez ici d’ailleurs que l’exil des criminels était une pratique courante dans le Japon médiéval. Les criminels étaient tellement ostracisés par la société qu’ils finissaient par mourir de faim.

L’archipel d’Ogasawara fut retranscrit la première fois sur une carte en 1817 sous le nom de Bunin (無人, ce qui veut dire « archipel sans personnes », « archipel vide »). Il fut réclamé au Royaume Uni en 1875, et c’est à cette époque que les mineurs de souffre ont commencé à s’installer pour exploiter l’île. Il fut officiellement annexé en 1891. Cet archipel formait également un bastion militaire japonais important pendant la seconde guerre mondiale. 

De gauche à droite: Archipel d’Ogasawara, Ile Mikura, Ile d’Hachijo

Ces paysages paradisiaques vous font rêver, non? Mais il n’y a hélas pas que du rêve dans l’archipel d’Izu. Vous vous demandez sans doute de quoi je peux bien vous parler. Je vais donc vous conter la triste réalité frappant l’île de Miyake jima. Sur cette île se dresse le mont Oyama, volcan en activité étant entré plusieurs fois en éruption au cours du XXe siècle. Comme vous le savez sans doute, qui dit volcan dit dioxyde de soufre. La norme fixée par le gouvernement japonais était de 0,1 ppm (c’est à dire 1 microlitre de SO2 par litre d’air). Cependant, la concentration en souffre, bien qu’en baisse, est encore comprise entre 0,25 et 0,4 ppm, soit jusqu’à 4 fois la concentration maximale autorisée. Les résidents sont donc contraints de porter en toute circonstance un masque à gaz les protégeant du taux de soufre anormalement élevé. De plus, en cas d’éruption imminente, une évacuation vers le Japon est nécessaire. La dernière évacuation de l’île date de 2000 et il fut particulièrement difficile de faire reprendre la vie sur l’île 4 années plus tard.

 A une certaine époque , tout le monde devait porter des masques à Miyake Jima…

De nos jours, l’usage du masque continuellement n’est plus obligatoire mais fortement conseillé. Il est néanmoins nécessaire pour les habitants de le garder à porter de main. Pour les touristes courageux désirant débarquer sur cette île, des masques à gaz sont vendus avant de prendre le ferry. Ils sont obligatoires pour les non-résidents. 

Le Japon compte également bon nombre de territoires contestés par ses voisins et conteste certains territoires. Cela explique en partie les relations tendues entre le pays du soleil levant, la Russie, la Chine et la Corée. Ces territoires sont: 

_ Les îles Kouriles (contestées par le Japon à la Russie):

En 1855, l’Empire du  Japon et l’Empire Russe signèrent le traité de Shimoda stipulant que les russes pouvaient occuper le nord des îles Sakhaline et que les japonais pouvaient en occuper le sud.

En 1875, suite à la signature du traité de Saint Petersbourg, le Japon céda la partie sud des îles Sakkhaline en échange de l’intégralité des îles Kouriles.

En 1905, après la guerre Russo-Japonaise (dont le Japon est sorti victorieux), le Japon récupère la partie sud des îles Sakhaline, tandis que les russes pouvaient garder la partie nord.

En 1945, les îles Kouriles et Sakhaline furent annexés par Staline peu avant la capitulation japonaise. Après sa défaite, le Japon dût alors renoncer notamment a ses droits sur les îles Kouriles et Sakhaline suite au traité de San Francisco. Ce traité, ratifié en 1951, imposait au Japon de céder les territoires occupés et de verser des compensations financières aux pays concernés. Lors de la ratification de ce traité, la Chine  n’a pas été invitée (suite à la guerre civile chinoise).

L’Union Soviétique s’est alors fermement opposée à ce traité notamment :

_ à cause de la non-invitation de la Chine (étant pourtant l’une des principales victimes de l’attaque du Japon), de la Corée du Nord et du Sud.

_ car ce traité ne stipulait pas clairement la rétrocession des îles Sakhaline et Kouriles à l’URSS

_ car il mentionnait la création de bases militaires stratégiques qui selon Staline visaient à surveiller l’URSS.

Ainsi, à peine la deuxième guerre mondiale finie, URSS et Etats-Unis étaient déjà en grande tension. 

Le Japon, en soulignant le fait que la rétrocession des îles Sakhaline et Kouriles à l’URSS n’a pas été clairement stipulée dans le traité, revendique ainsi  les îles Kouriles selon les frontières qui ont été définies par le traité de Shimoda en 1855, aucune autre frontière n’ayant été définie par l’URSS dans le traité de San Francisco.

Evolution du territoire Japonais sur les îles Kouriles de 1855 à 1945

_ Les rochers Liancourt (contestées par le Japon à la Corée du Sud)

Les rochers Liancourt sont un territoire situé dans la mer du Japon, proche de la Corée du Sud. Comme précédemment, le traité de San Francisco ne stipule nullement la rétrocession de ce territoire à la Corée du Sud. Ce territoire ayant été annexé par le Japon en 1905, le Japon le réclame à la Corée du Sud. D’autre part, les Coréens se justifient en disant que les îles mentionnées sur le texte n’étaient là qu’à titre d’exemple.

_ Les îles Senkaku et les îles Okinotori (contestées par la Chine et Taïwan au Japon)

Après la victoire du Japon lors de la guerre Sino-Japonaise en 1895, les deux pays signèrent le traité de Shimonoseki stipulant que les îles de Formose et ses environs, Taïwan, les Pescadores, la presqu’ile de Liaodong, et Port-Arthur seront cédées au Japon et que la Corée sera placée sous protectorat japonais. 

Lors du traité de San Francisco, Taïwan est déclarée indépendante, mais pas les îles Senkaku qui sont rattachées aux îles Ryuukyuu

Les îles Okinotori sont un atoll au milieu des Philippines faisant partie des îles Ogasawara. Ces îles sont considérés comme une île par le Japon mais comme des rochers par la Chine, pour qui le Japon n’a pas le droit de créer une zone économique exclusive (ZEE) autour de l’île. Cette ZEE procure au Japon de nombreuses ressources (gisements minéraux et ressources halieutiques).

Voilà pour la première partie sur la géographie du Japon. J’espère qu’elle vous a plu. Vous aurez remarqué que pour un article sur la géographie, j’ai beaucoup parlé d’histoire. C’est tout simplement car pour moi l’Histoire et la Géographie ne sont pas dissociables. La géographie explique l’histoire et l’histoire explique la géographie, nous l’avons bien vu dans cet article. Dans le prochain article de la catégorie, nous nous concentrerons sur les différents climats régnant au Japon, sur les reliefs, sur la répartition de la population, sur l’organisation administrative des régions , sur l’environnement, ensuite si d’autres sujets de Géographie au sens large du terme vous intéressent comme l’économie ou l’organisation politique, etc… n’hésitez pas. D’ici là portez vous bien et continuez à vous amuser sur Samurai Neko no Nihongo!

またね 

侍猫

 

2 réponses

  1. […] alors reliées à Taïwan  (pour plus de détails sur ces îles, allez voir l’article sur la géographie du Japon). Les premiers hommes ayant peuplé le pays durent alors partager leur territoire avec celui des […]

  2. […] Après un premier article introductif expliquant quelles étaient les différentes îles du Japon ainsi que leurs particularités, nous allons maintenant nous intéresser à un aspect de la géographie du Japon qui vous sera également fort utile pour préparer votre futur voyage vers l’empire du soleil levant. En effet, le Japon étant un archipel de 6852 îles qui s’étend sur 3000 km de long, vous vous douterez bien que les climats peuvent fortement différer entre le Nord et le Sud du pays… De plus, au sein d’un même climat, des variations seront plus ou moins fortes en fonction des saisons. D’un point de vue climatique, le Japon n’est pas non plus épargné par les aléas climatiques: saison des typhons, saison des pluies… […]

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